Agostini : "On ne peut pas, à Bastia, être comptable du racisme en Europe"

Agostini

Anthony Agostini, directeur des services généraux du Sporting, est longuement revenu dans Stonda Turchina sur l'affaire Balotelli et sur le déferlement médiatique subi par le club.

« Le lendemain, contre toute attente, alors que le soir-même on n’avait eu aucun écho de ces faits, on est obligé de se confronter à cette réalité. On a réagi rapidement dans un communiqué très clair, à savoir qu’à aucun moment nous n’avions été avertis de faits répréhensibles. Le joueur n’a rien évoqué en rentrant au vestiaire après l’échauffement, ni à la mi-temps, ni à la fin du match auprès des journalistes notamment. L’officiel de l’OGC Nice, qui a signé le rapport d’après-match, a signifié au délégué qu’il n’avait rien à déclarer concernant cette rencontre.

Si certains ont estimé que notre communiqué était un déni, ils se trompent. On n’a jamais dit qu’il n’y avait pas eu de cris de singe à l’encontre de Mario Balotelli, mais simplement qu’on n’en avait pas eu connaissance. C’est cris sont d’une stupidité sans nom et sont inacceptables.

On demande que toute la lumière soit faite sur des éléments probants. […] Sur la vidéo de beIN Sports, on voit pendant 3 secondes un supporter qui de manière manifeste, fait : « ouh ouh ». […] Sur une vidéo de Canal+, on entend pendant quelques secondes, sur une action où Balotelli est impliqué en fin de match, des huées qui peuvent s’apparenter à des cris de singe. Tout le problème pour nous est de savoir quelle réponse peut-on apporter à ces faits.

Quel club, en Ligue 1 ou à l’étranger, peut se prévaloir de pouvoir maîtriser tout ce que les gens disent, sur les 10 ou 20 000 personnes présentes dans le stade. […] La tourmente qui s’est déchaînée contre nous met le club en grosse difficulté. On réclame des sanctions, on fait des parallèles plus qu’osés avec Metz pour des faits qui n’ont strictement rien à voir (pétards jetés sur le gardien lyonnais). Quoi qu’on puisse avoir fait et qu’on puisse avoir détecté pendant la rencontre, nous sommes dans la tourmente.

Le club est considéré comme responsable par les observateurs et la Commission de discipline. Le club ne peut pas accepter d’être pris en otage de cette façon. On ne sait pas combien de personnes sont impliquées. Le problème c’est que Balotelli dit « les supporters de Bastia », je trouve cela inacceptable. Si tous les supporters avaient hué Mario Balotelli pendant toute la rencontre, tout le monde s’en serait rendu compte.

On ne peut pas envisager que la personne en cause n’ait pas pris conscience du tort qui est causé au club. On appelle cette personne à se manifester auprès du club et qu’il assume son comportement. On pourrait ainsi interdire de stade cette personne. Quand on entre dans le stade de Furiani, il faut prendre conscience qu’il y a des milliers d’abonnés, des employés, les joueurs. Actuellement c’est très difficile de l’identifier car les images sont floutées. On nous demande d’éloigner les personnes fautives du stade, c’est dans cet état d’esprit qu’on se situe, comme on l’a fait après le match contre Paris.

Notre avocat s’est adressé à beIN Sports et à Canal+ pour demander à ce que l’ensemble des rushs (vidéos) du match nous soient fournis pour qu’on puisse progresser dans la recherche de la vérité. Parce qu’il y a aussi pendant l’échauffement, un comportement du joueur qui est plus ou moins sujet à caution. Un joueur de football ne peut pas s’adresser aux tribunes. Au match à Nice, Jean-Louis Leca a été hué et insulté sans interruption. Pour autant, il ne s’est pas adressé à la Populaire Sud ou à la tribune Nord du stade. Et même après avoir reçu un projectile en pleine tête, il a eu une attitude digne en disant qu’il ne fallait pas en rajouter.

Aujourd’hui, des joueurs entrent dans un jeu avec notre public. C’est pourquoi on va demander les rushs concernant le joueur et nos supporters. On ne peut pas, à Bastia, être comptable du racisme en Europe et dans le championnat de France. C’est d’ailleurs encourageant que des personnes comme Pascal Praud, Gelson Fernandes, le président de Nice, disent qu’il s’agit d’une infime minorité. On ne veut pas minimiser, mais on ne veut pas non plus prendre un fardeau sur quelque chose qui peut se produire sur tous les terrains de L1 et d’Europe.

Lorsqu’on se déplace, nous recevons toutes les insultes possibles et imaginables. Le racisme anti-corse n’est pas reconnu comme une réalité par les tribunaux, mais ce n’est pas pour autant que nous ne le percevons pas de manière difficile, comme Mario Balotelli. Il suffit de regarder les réseaux sociaux de tous ces grands médias, qui nous donnent des leçons depuis 48h, pour voir qu’il y a des centaines de messages anti Corses dans lesquels on s’en prend à nous de manière extrêmement virulente, en osant parfois mêler le 5 Mai. C’est dramatique. Les gens qui veulent nous faire la leçon sont les premiers fautifs. »

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