Invité du Podcast ML2 de Ma Ligue 2 mercredi, l’entraîneur bastiais Mathieu Chabert a longuement évoqué le Sporting Club de Bastia et la situation sanitaire actuelle, qui a marqué la suspension des compétitions sportives.

Retrouvez un résumé de ses propos.

chabert

 

Le challenge du SCB

« Le challenge est extrêmement excitant, je n'ai pas rejoint un club de National 2, j'ai rejoint le Sporting Club de Bastia qui est certes aujourd'hui un club de N2 mais qui a tout d'un club professionnel et qui j'en suis persuadé à court terme retrouvera le monde pro.

Quand j'ai eu la proposition du SCB, j'ai pensé à Olivier Guégan qui était entraîneur de Reims en Ligue 1 qui n'était plus en poste mais qui avait eu l'opportunité de Grenoble. C'est un risque qui avait marché, donc j'ai pensé à ça. Je suis encore un jeune entraîneur et un challenge comme celui du Sporting avec un public extraordinaire ne peut pas se refuser pour un entraîneur comme moi, tout simplement.

Aujourd’hui Bastia c'est un club de National 2 qui a 4 000 abonnés. L'affluence moyenne tourne entre 4 000 et 5 000 personnes à domicile, c'est dans la bonne moyenne de la Ligue 2.

J'ai une anecdote, contre Belfort le dernier match à domicile, sur une sortie de but pour nous tout le stade s'est levé en même temps et a chanté à l'unisson. Je me suis retourné et j'entendais les spectateurs me crier « Sedan est en train de perdre ! » et pendant 15-20 minutes tout le stade nous a poussés. Quand on parle de 12e homme, tant qu'on ne vit pas des situations comme ça, on ne sait pas ce que c'est. Mais je vous garantis qu'à Bastia il y a un 12e et même un 13e homme. »

 

L’incertitude concernant la suite de la saison

« Tout va bien, ça commence à faire un petit peu long mais on prend notre mal en patience et on s'occupe comme on peut, on fait un petit peu de sport, on reste en contact avec les joueurs pour les maintenir sur le qui-vive et on attend la fin avec impatience de ce confinement.

Je prêche pour ma paroisse mais aujourd'hui avec le club de Bastia, ça fait 1 an que l'on se bat. On a eu jusqu'à 8 points de retard sur Sedan, on a beaucoup travaillé, on est l'équipe qui s’entraîne le plus puisqu'on tourne à quasiment 11 heures par semaine. En cas d'arrêt des championnats, la priorité est la santé des personnes. Si la saison était amenée à s'arrêter... Ma priorité est de reprendre le championnat parce que j'ai envie de fêter la montée avec les supporters à la fin d'un match, je rêve de ça sincèrement. Mais si malheureusement on ne pouvait pas le faire, je suis absolument contre une saison blanche parce que ça gâche tout le travail et ça annule tout. De quel droit on dirait « vous avez travaillé depuis 1 an mais en fait ça ne sert à rien ». Alors certes c'est une situation exceptionnelle, mais peut-être qu'il faut faire quelques chose d'exceptionnel pour le football français.

Je pense plutôt à des accessions et pas de descentes, parce que ce serait dur de faire descendre des équipes. Je dis ça aussi parce que je pense que mon avis fait partie d'une grosse majorité de dirigeants et d'entraîneurs. Il n'y a pas de meilleure solution, mais ce serait celle qui contenterait le plus de monde. J'ai lu sur un site spécialisé qu'on envisageait de faire monter les équipes qui étaient premières à la fin de la phase aller et les équipes qui étaient premières au moment où le championnat s'est arrêté. Ça serait la solution idéale puisqu'on ne ferait aucun mécontent. On pourrait se retrouver avec un championnat de National à 23 équipes, ce qui ferait 5 matchs de plus à domicile à disputer. Ça permettrait de compenser les pertes financières de cette saison au moins sur la billetterie. Quand les différents championnats vont reprendre, on va avoir droit à un gros engouement parce que beaucoup de personnes sont en manque de ça. Donc je pense que ça peut être bien aussi de ce côté-là pour rattraper les pertes financières dues au manque de recettes.

Si par bonheur le confinement était annulé ou du moins assoupli sur la première quinzaine du mois de mai, je pense que 15 jours de préparation seront suffisants. En jouant tout le mois de juin et la première quinzaine de juillet, on peut caler neuf matchs et finir la saison. Ça serait la meilleure solution et ça ne donnerait pas lieu à des recours et à des mécontents. »

 

L’importance du Sporting en Corse

« Bastia c'est le club de la Corse, il y a des supporters partout. En parlant d'Ajaccio je vais vous donner une anecdote : il y a plus d'abonnés résidant à Ajaccio qui sont abonnés au Sporting que pour eux.  Bastia a une histoire extraordinaire, a vécu des moments terribles dans son histoire. Cette résilience et cette solidarité, c'est vraiment le propre de la Corse.

Aujourd'hui, un club comme Bastia est géré de manière très professionnelle. On est le premier club en France à avoir des socios. Il y a une gestion qui est partagée entre des représentants des supporters, des représentants des acteurs économiques locaux, les familles Ferrandi et Luigi qui ont sauvé le club. Si ces familles-là n'avaient pas été là, aujourd'hui le Sporting Club de Bastia n'existerait plus. On est dans une phase de reconstruction avec beaucoup de sérénité et de stabilité financière. On a quasiment les mêmes structures que quand le club était en L1, j'ai des conditions de travail extraordinaires que je n'avais pas à Béziers. Bastia a tout du club pro et reviendra dans le monde professionnel, j'en suis sûr et certain. Et le plus rapidement possible et avec moi je l'espère. »

 

Jean- Louis Leca et Yannick Cahuzac

« Jean- Louis Leca et Yannick Cahuzac sont des amis, on s'appelle très régulièrement. Ce sont des joueurs qui sont énormément reconnaissants de tout ce que le Sporting leur a amené. Ils regardent nos matchs en direct et ils m'appellent après pour débriefer. Ils sont aux anges de notre position. Alors oui j'ai envie qu'ils reviennent bien sûr, mais je ne pense pas que ça se fera dès la saison prochaine, ça se fera quand leur contrat se terminera à Lens. Ce serait magique que des joueurs comme Jean-Louis ou Yannick puissent revenir et terminer leur carrière à Bastia, en Ligue 2 je l'espère. Mais encore faudra-t-il qu'ils aient le niveau quand ils voudront revenir. »