Yohan Bocognano évoque dans une interview accordée à So Foot il y a quelques jours l’engouement qui règne autour du Sporting, et notamment le très bon état d’esprit du groupe bastiais.

IMG 2466

« J’ai fait les trois clubs phares de l’île. C’est vrai que le Sporting, c’est impressionnant. Je ne m’imaginais pas ça. C’est un engouement qui est complètement différent. On sent des gens qui crèveraient pour leur club. L’engouement parle tout seul. La relation va bien. L’an dernier, je n’étais pas là, mais le groupe manquait peut-être un peu de maturité, voire d’envie. Ça arrivait qu’on siffle les joueurs. Cette année, non. Pas parce qu’on gagne, mais parce qu’on propose des choses auxquelles les gens adhèrent. Tant dans le jeu que dans l’engagement. On a un groupe qui n’a peur de personne. On sait où on va et de toute façon, on est chez nous de partout. Si on nous met la pression, on répond. Quand j’ai mis mon tir au but (en 32e de finale contre Concarneau, N.D.L.R.), j’ai ressenti beaucoup de joie. Je ne vais pas dire qu’on voyait des larmes en tribunes, parce que ce n’était qu’un 32e, mais on voit que les supporters se retrouvent en nous. Parce qu’on est des lions. »

 

En bonus le journaliste nous a fourni des passages coupés de son entretien, où Bocognano parle de son enfance et de son passage en Azerbaïdjan (en 2014-2015) :

 

Tu n'es pas de Bastia. Tu as grandi où ? À Bocognano  ?

Non ! Je ne suis même pas de là-bas, même si c'est au club de Bocognano que j'ai débuté. J'ai grandi au village, à Sarrola-Carcopino. On avait la maison en plein milieu, à côté de la place, sur deux étages. Ma mère était mère au foyer et mon père était docker. Puis il travaillait dans une station-essence avant d'être chauffeur-livreur. Mon enfance, je la souhaite à tout le monde.

 

Et donc, tu supportais qui, quand tu étais petit ?

Ah, je ne peux plus le dire... J'ai beaucoup de rancœur... On va dire que depuis tout petit, mon club principal, c'est l'AC Milan. Mon idole, c'était Jean-Pierre Papin.

 

Mais ta famille supportait l'ACA ?

Ouais. Mais il n'y avait pas de confrontation entre l'ACA et le Sporting. La première fois, je devais avoir 12 ans. Bon, je me rappelle quand même du but de Bruno Rodriguez... Et Faderne à la 89ème. 

 

Avant d'y signer, tu savais où c'était, l'Azerbaïdjan ?

Non. Je suis franc. J'ai découvert un pays fabuleux. J'ai atterri à Bakou un mardi, à 4h du matin, après six heures de vol. Avec un décalage horaire de trois heures. De l'avion, je voyais cette ville, toute éclairée, à 4h du matin. Je trouvais ça extraordinaire. Bakou, ils surnomment ça « le petit Dubaï. » C'est des buildings modernes, beaux, des places propres, mais il reste aussi le vieux Bakou. Ils m'ont mis dans une résidence privée, avec un appartement gigantesque, 150 mètres carrés. Un parc privé et baby-sitting pour mon fils. Il y avait même une petite supérette privée, si on ne voulait pas sortir du quartier. Mais il ne faut pas se leurrer, dans certains endroits, c'est quand même la misère. Ça me faisait de la peine. Tu as vraiment envie d'aider les gens. À Bakou, il n'y a pas de juste-milieu : soit tu as de l'argent, soit tu n'en n'as pas. Il n'y a pas de classe moyenne. Là-bas, la monnaie, c'est le manat. Un manat, ça vaut à peu près un euro. Tu n'est pas déboussolé. Tu avais un type qui travaillait au supermarché et son métier, c'était de te monter les courses jusque devant la porte. Tu lui donnais quatre manats. Ou tu as des types qui, avec leur propre voiture, font office de taxi. Ils travaillent pour presque rien. Tu te dis qu'on n'est vraiment pas à plaindre.

 

Le stade, le Shafa Stadium, c'était comment ?

Il était composé de trois tribunes, assez longues. C'est un stade à l'Anglaise, pas de barrières, avec juste un muret que tu peux sauter. Sur la première saison, on est 14 équipes, dont 9 situées à Bakou. Alors, en général, on faisait 2000 personnes. Par contre, en Coupe d'Europe, c'était guichets fermés. C'est un peuple vraiment patriote. J'ai vu des matches de l'équipe nationale et c'est toujours plein. Quand un club azéri joue en Coupe d'Europe, il n'y a pas que des supporters attitrés. Ils viennent supporter le club d'Azerbaïdjan contre le club étranger. Mais ce n'est pas le sport principal, à Bakou. Ils sont plus sur la lutte et le volley.

 

Merci à Thomas Andrei pour ces passages. Retrouvez l'interview complète sur So Foot en cliquant ici.